LE GRAND COMPROMIS

GROUPE DE TRAVAIL N°2 : LOCALISATION

Apporter davantage de soutien aux intervenants locaux et nationaux et renforcer les mécanismes de financement dont ils disposent

Mises à jour

Qu’est-ce que le Grand compromis ?

En mai 2016, à l’occasion du Sommet humanitaire mondial, une douzaine de pays donateurs et une douzaine d’organisations humanitaires ont signé le « Grand compromis », s’engageant à modifier leurs pratiques dans dix domaines (au travers de « groupes de travail thématiques ») afin de rendre l’écosystème humanitaire plus efficace, performant et axé sur l’individu.

Cette page est destinée à partager des informations au sujet du Groupe de travail n 2, dont l’objectif est de trouver des moyens d’« apporter davantage de soutien aux intervenants locaux et nationaux et de renforcer les mécanismes de financement dont ils disposent ».

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À propos du Grand Compromis et de la Localisation

En savoir plus sur le Grand compromis

Qu’est-ce que le Grand compromis ?

Le « Grand compromis » est un accord entre plus de 50 des principaux donateurs et acteurs de l’aide humanitaire visant à mettre davantage de moyens dans les mains des personnes en détresse. Il s’agit principalement d’un « Grand compromis en matière d’efficacité » entre les donateurs et les organisations humanitaires, destiné à réduire les coûts et à renforcer l’efficacité de l’action humanitaire.

Le Grand compromis prévoit une série de changements dans les pratiques de travail des donateurs et des organisations humanitaires, notamment la réduction des allocations de fonds à des fins spécifiques, l’augmentation des financements pluriannuels et l’harmonisation des exigences en matière d’établissement de rapports, d’un côté, et l’amélioration de la transparence, la diminution des coûts de gestion et l’accroissement des évaluations conjointes des besoins, de l’autre. Les signataires se sont aussi engagés à développer les programmes de transferts monétaires, à renforcer le lien entre l’aide humanitaire et le développement, à encourager la participation des personnes touchées à la prise de décisions et à accroître le soutien apporté aux intervenants nationaux et locaux.

Pour ce qui est de la localisation, les donateurs et les organisations humanitaires s’engagent, dans le cadre du Grand compromis, à atteindre, d’ici 2020, l’objectif global consistant à allouer 25 % des fonds humanitaires mondiaux le plus directement possible aux intervenants locaux et nationaux, en investissant dans la capacité institutionnelle à long terme des acteurs locaux, en encourageant des partenariats plus équitables et en assurant une meilleure intégration des mécanismes locaux de coordination.

Pour plus d’informations, consultez la page Web du Grand compromis (hébergée par le Comité permanent interorganisations) en cliquant sur ce lien.

Engagements en matière de localisation pris dans le cadre du Grand compromis
  1. Accroître et maintenir les investissements pluriannuels dans les capacités institutionnelles des intervenants locaux et nationaux, notamment en matière de préparation, d’intervention et de coordination, en particulier dans les situations précaires et dans les régions où les communautés sont exposées à des conflits armés, à des catastrophes, à des épidémies récurrentes et aux conséquences des changements climatiques. Nous devons atteindre cet objectif grâce à la collaboration avec les partenaires du développement et à l’intégration du renforcement des capacités dans les accords de partenariat.
  2. Mieux comprendre et réduire ou éliminer les obstacles qui empêchent les organisations et les donateurs d’établir des partenariats avec les intervenants locaux et nationaux, afin d’alléger leurs charges administratives.
  3. Soutenir et compléter les mécanismes de coordination nationaux existants, inclure les intervenants locaux et nationaux dans les mécanismes de coordination internationaux, le cas échéant, tout en respectant les principes humanitaires.
  4. D’ici 2020, allouer au moins 25 % des fonds humanitaires le plus directement possible aux intervenants locaux et nationaux, afin d’améliorer la situation des personnes touchées et de réduire les coûts des transactions.
  5. En collaboration avec le Comité permanent interorganisations, définir et utiliser un indicateur relatif à la localisation, afin d’évaluer les fonds directement et indirectement alloués aux intervenants locaux et nationaux.
  6. Tirer un meilleur parti des mécanismes de financement qui permettent d’accroître et d’améliorer l’aide apportée par les intervenants locaux et nationaux, tels que les fonds communs nationaux des Nations Unies, le Fonds d’urgence pour les secours lors de catastrophes (DREF) de la Fédération internationale et les fonds communs mis en place par des ONG et par d’autres acteurs.
Le Groupe de travail chargé de la localisation

Le Groupe de travail chargé de la localisation est composé de signataires du Grand compromis (notamment des donateurs, des institutions des Nations Unies, des ONGI et des représentants du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) ainsi que d’un groupe d’acteurs locaux invités.  Il a pour but d’apporter à tous les signataires un élan et un soutien pour la mise en œuvre de leurs engagements en matière de localisation.  Un petit groupe se réunit régulièrement pour mettre au point des projets et des plans conjoints en vue de partager des bonnes pratiques, de trouver des moyens de surmonter les obstacles, de créer des outils et de diffuser des informations.  Ce groupe a élaboré Programme de travail 2017- 2019 du Groupe de travail chargé de la localisation afin d’orienter ses activités.

Des manifestations et séminaires publics en ligne sont aussi organisés périodiquement pour obtenir les avis d’un plus grand nombre de personnes et échanger des idées ainsi que des informations. Actuellement, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le Gouvernement suisse organisent conjointement les réunions du Groupe de travail.

Questions fréquemment posées

QU’EST-CE QUE LA LOCALISATION ?

Il n’existe pas de définition unique de la « localisation ». Les signataires du Grand compromis se sont engagés, dans le cadre du volet visant à « apporter davantage de soutien aux intervenants locaux et nationaux et à renforcer les mécanismes de financement dont ils disposent », à « proposer une action humanitaire fondée sur des principes aussi locale que possible, qui ne passe à l’échelle internationale qu’en cas de besoin », tout en continuant de reconnaître le rôle crucial des acteurs internationaux, en particulier dans les situations de conflit armé.

La localisation, au sens strict du terme, peut être considérée comme un mécanisme visant à renforcer les investissements internationaux et le respect du rôle des acteurs locaux, dans le but de réduire les coûts et d’étendre la portée de l’action humanitaire. Dans un sens plus large, elle peut être vue comme une manière de repenser en profondeur le secteur de l’humanitaire, reconnaissant que l’écrasante majorité de l’assistance humanitaire est déjà fournie par les acteurs locaux.

POURQUOI LA LOCALISATION EST-ELLE NÉCESSAIRE ?

Les acteurs locaux sont généralement les premiers à réagir en cas de crise, et ils disposent souvent d’un accès qu’aucun acteur international ne peut obtenir.  Ils ont une solide compréhension de la situation, de la politique et de la culture locales, et sont en général les mieux placés pour faire le lien entre l’intervention d’urgence et le renforcement de la résilience, la préparation aux catastrophes et le relèvement, étant donné qu’ils sont présents avant, pendant et après les crises. Bien entendu, les acteurs internationaux ont aussi un rôle précieux à jouer, en particulier pour ce qui est des questions de protection dans des situations complexes où les acteurs locaux seraient davantage menacés par les forces armées.

Pour créer un écosystème humanitaire international efficace et fort, il faudrait investir dans les capacités locales ou internationales en fonction de l’avantage comparatif que les différents acteurs détiennent dans chaque domaine. Cependant, les investissements dans les capacités locales sont actuellement rares (par rapport aux investissements destinés aux acteurs internationaux) et le soutien accordé au leadership local ainsi qu’aux mécanismes de coordination est inégal.

QUI SONT LES ACTEURS LOCAUX ?

Le Grand compromis porte sur les « acteurs nationaux et locaux, dont font partie les gouvernements, les communautés, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que la société civile locale ». Pour ce qui est de mesurer les progrès dans la réalisation de leur objectif de financement, les signataires du Grand compromis sont convenus des définitions suivantes :

  • Acteurs locaux et nationaux non étatiques : « organisations participant à des opérations de secours qui sont basées et qui opèrent dans le pays bénéficiaire de l’aide et qui ne sont pas affiliées à une ONG internationale (un acteur local n’est pas considéré comme affilié s’il fait partie d’un réseau, d’une fédération ou d’une alliance, mais qu’il conserve par ailleurs des systèmes de gouvernance et de collecte de fonds indépendants). »
  • Acteurs étatiques nationaux et sous-nationaux : « autorités publiques du pays touché et bénéficiaire de l’aide, qui participent à des opérations de secours, que ce soit au niveau local ou national. »

LES ORGANISATIONS DE LA DIASPORA SONT-ELLES DES « ACTEURS LOCAUX » ?

Les organisations de la diaspora peuvent jouer un rôle important en favorisant le soutien mis en place pour répondre aux besoins humanitaires des personnes touchées par des crises dans leurs pays d’origine. Au vu de la définition ci-dessus, les signataires du Grand compromis ne considèrent actuellement pas les fonds qu’ils accordent aux organisations de la diaspora comme des financements directement alloués à un acteur local (étant donné qu’elles sont basées hors du pays recevant l’aide).  Pourtant, dans les cas où les restrictions gouvernementales empêchent une organisation de conserver son siège dans le pays touché, il pourrait être judicieux d’ouvrir une exception à la définition convenue.

QUELLE PART DES FINANCEMENTS HUMANITAIRES INTERNATIONAUX LES ACTEURS LOCAUX REÇOIVENT-ILS ACTUELLEMENT ?

Il est encore difficile de trouver des données complètes concernant le montant des financements internationaux alloués aux acteurs locaux.  Selon une estimation récente de Development Initiatives (établie sur la base de données du Service de surveillance financière de l’OCHA), 2,9 % (603 millions de dollars É.U.) des financements humanitaires internationaux sont parvenus directement aux acteurs locaux en 2017 (soit une légère augmentation par rapport au 2 % enregistrés en 2016), et seulement 0,4 % (85 millions de dollars É.U.) de ces financements étaient destinés à des organisations de la société civile. Les financements qui ne sont passés que par un intermédiaire avant de parvenir aux acteurs locaux représentaient 2,4 % du total, et 128 millions de dollars É.U. provenant des fonds communs des Nations Unies (soit 30 % de leurs décaissements) ont été attribués aux ONG locales.

QUE SIGNIFIE L’IDÉE D’ALLOUER LES FONDS « LE PLUS DIRECTEMENT POSSIBLE » ?

Au titre du paragraphe 2.4 du Grand compromis, les signataires s’engagent à allouer 25 % des fonds humanitaires « le plus directement possible » aux acteurs locaux.  Les négociations autour de cette expression n’ont pas abouti à une définition finale. En revanche, il a été convenu que, pour l’heure, deux catégories d’indicateurs seraient utilisées en lien avec l’idée d’allouer les fonds « le plus directement possible », et que la question serait réexaminée une fois que davantage de données seraient disponibles.  Les deux catégories retenues étaient : les financements octroyés aux fonds communs accessibles aux acteurs locaux et les financements qui ne passent que par un intermédiaire avant de parvenir à un acteur local.

LA LOCALISATION N’EST-ELLE QU’UNE AFFAIRE DE FINANCEMENT HUMANITAIRE ?

Non. Outre l’acheminement des fonds destinés aux interventions humanitaires internationales, la localisation est favorable à l’investissement (à la fois financier et technique) dans les capacités institutionnelles à long terme des intervenants locaux ainsi qu’à des accords de partenariats plus équitables et à une meilleure intégration des mécanismes de coordination locaux et internationaux. Le but de la localisation est de reconnaître le rôle déjà considérable que jouent les intervenants locaux (gouvernementaux et non gouvernementaux) et de les aider à développer et à renforcer ce rôle.

DE QUOI S’OCCUPE LE GROUPE DE TRAVAIL CHARGÉ DE LA LOCALISATION ?

Le Groupe de travail a mis au point un programme de travail composé d’activités visant à 1) renforcer l’engagement en faveur des acteurs locaux du monde entier ; 2) mettre en avant et promouvoir, au niveau national, les progrès réalisés ; 3) élaborer des orientations communes ; et 4) améliorer les systèmes de mesure des financements destinés aux acteurs locaux.

QU’EN EST-IL DE L’INDICATEUR RELATIF À LA LOCALISATION ?

L’un des engagements en matière de localisation pris dans le cadre du Grand compromis porte sur l’intention de définir et d’utiliser un indicateur relatif à la localisation. En 2016-2017, un sous-comité de l’équipe de travail sur le financement humanitaire du Comité permanent interorganisations, appelé Groupe de travail sur l’indicateur relatif à la localisation (LMWG), a organisé des consultations au sujet d’un éventuel indicateur.  Après de longues discussions, le LMWG a décidé que cet outil ne permettrait pas, en réalité, de remplir l’objectif annoncé consistant à mesurer les flux financiers, objectif qui serait mieux atteint en utilisant les mécanismes existants, tels que le Service de surveillance financière de l’OCHA et/ou l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide.

Au lieu de cela, il s’est employé à définir des termes clés du Grand compromis afin de permettre une surveillance. Il a notamment cherché à comprendre les intentions des intervenants locaux et nationaux ainsi que ce qu’entendaient les signataires en s’engageant à leur faire parvenir les fonds « le plus directement possible » (comme cela a été évoqué plus haut). Après une série de discussions au sein du LMWG puis, plus largement, avec le Groupe de travail chargé de la localisation, un ensemble de définitions et de catégories d’indicateurs ont été convenues ; elles sont rassemblées ici.

QUELS SONT LES « PAYS DE DÉMONSTRATION » ?

Les signataires du Grand compromis sont convenus de se concentrer sur la mise en œuvre sur le terrain et, pour ce faire, d’investir dans le soutien à la mise en œuvre et de retenir des bonnes pratiques provenant de différents pays.  Il a été décidé que tout le Groupe de travail se rendrait dans trois « pays de démonstration ». Le Bangladesh, l’Irak et le Nigéria ont été choisis par l’ensemble des membres du Groupe de travail comme pays de démonstration.

LA QUESTION DE L’ÉGALITÉ DE GENRE ENTRE-T-ELLE EN LIGNE DE COMPTE AU TITRE DES ENGAGEMENTS EN MATIÈRE DE LOCALISATION PRIS DANS LE CADRE DU GRAND COMPROMIS ?

Oui. Si la question de l’égalité de genre n’est pas expressément traitée dans le texte du Grand compromis, les signataires ont affirmé leur attachement à faire en sorte qu’elle soit prise en compte dans tous les engagements. En ce qui concerne la localisation, il a été souligné qu’il était important de soutenir les organisations locales de femmes.

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Comment participer?

Si votre organisation est signataire du Grand compromis, vous pouvez désigner une personne de référence pour être membre du Groupe de travail.

Si vous n’êtes pas signataire mais que vous souhaitez partager des informations, des idées ou des opinions, ou si vous avez une question, vous pouvez :

  1. nous envoyer un message ;
  2. participer à une de nos manifestations publiques ;
  3. intégrer un comité travaillant sur le développement d’orientations supplémentaires (par exemple en matière de financement, de renforcement des capacités, de coordination ou de partenariat).

Documents du groupe de travail chargé de la localisation

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